"Nul autre romancier de langue espagnole - écrit Ignacio Ramonet de Mario Vargas Llosa, à qui il consacre un article dans le numéro de novembre 2010 du Monde diplomatique - ne possède comme lui l'art de captiver le lecteur, de le ferrer dès les premières lignes et de le plonger dans des trames haletantes où les intrigues se succèdent, pleines de passions, d'humour, de cruauté et d'érotisme". À coté, il y a la carrière d'intellectuel engagé dans la politique du prix Nobel 2010. Jusqu'à la fin des années Soixante et en tant que membre d'"une géneration de talentueux jeunes écrivains - Gabriel García Marquez, Julio Cortázar, Carlos Fuentes... tous de gauche", comme le rappelle Ramonet avec obstination, Vargas Llosa milita à gauche; mieux, à l'extrême gauche, à l'appui des guérillas latino-américaines et de leur lutte armée. Puis, soudainement, il fit une conversion vers la droite, devenant un "agitateur ultralibéral", qui récemment, par exemple, "a légitimé l'invasion de l'Irak en 2003 et justifié le coup d'État de juin 2009 en Honduras".
La clôture de l'article de Ramonet est savoureuse. Elle reporte verbatim des propos émis par l'écrivain péruvien au sujet de Louis-Ferdinand Céline. Parmi d'autres "personnages peu estimables qui sont cependant d'extraordinaires écrivains", d'après Vargas Llosa, l'auteur de Voyage au bout de la nuit fut "un extraordinaire romancier" mais aussi "un personnage répugnant".
Le problème reste, toutefois, et la trouvaille conclusive de Ramonet n'aide pas à le résoudre. Au contraire, elle le pose encore une fois de façon aiguë. Que l'on trouve répugnant qui nous est semblable quand il a changé de camp, finalement, c'est très facile. Ce qui est difficile, c'est de comprendre que, par ce changement, il n'est devenu qu'un miroir révélateur. Ce qui est difficile, c'est d'admettre qu'on aurait déjà dû le trouver répugnant quand il était carrément comme nous-mêmes, quand il était des nôtres et professait les mêmes idées que nous. Ce qui est difficile, c'est de se trouver, en lui, répugnant.
La clôture de l'article de Ramonet est savoureuse. Elle reporte verbatim des propos émis par l'écrivain péruvien au sujet de Louis-Ferdinand Céline. Parmi d'autres "personnages peu estimables qui sont cependant d'extraordinaires écrivains", d'après Vargas Llosa, l'auteur de Voyage au bout de la nuit fut "un extraordinaire romancier" mais aussi "un personnage répugnant".
Le problème reste, toutefois, et la trouvaille conclusive de Ramonet n'aide pas à le résoudre. Au contraire, elle le pose encore une fois de façon aiguë. Que l'on trouve répugnant qui nous est semblable quand il a changé de camp, finalement, c'est très facile. Ce qui est difficile, c'est de comprendre que, par ce changement, il n'est devenu qu'un miroir révélateur. Ce qui est difficile, c'est d'admettre qu'on aurait déjà dû le trouver répugnant quand il était carrément comme nous-mêmes, quand il était des nôtres et professait les mêmes idées que nous. Ce qui est difficile, c'est de se trouver, en lui, répugnant.
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