C'était la fin des années Soixante-dix du siècle passé. C'était déjà et largement l'époque des théories linguistiques universelles bâties à partir d'une dizaine d'exemples: une époque qui n'a pas encore terminé de vivre ses fastes. La seule différence, c'est que maintenant la dizaine d'exemples qui fonde la construction des théories universelles est tirée, au moins, d'une dizaine de langues différentes. Et il s'agit d'une dégénérescence ultérieure.
C'était la fin des années Soixante-dix. Au jeune chercheur qui était allé chez Maurice Gross s'informer directement sur ses recherches et, le cas échéant, y participer, il pouvait arriver de l'entendre à peu près affirmer : "Toujours, jamais sont des mots qui ne devraient ni apparaître dans l'expression scientifique d'un linguiste sérieux ni faire partie de sa forma mentis".
Le jeune chercheur de jadis est devenu entre temps le vieil Apollonio et il n'a aucune difficulté à dire n'avoir jamais entendu un linguiste faire une profession de foi plus profonde et absolue: Maurice Gross, véritable Prométhée de la linguistique de la deuxième moitié du siècle passé. Recueillir des milliers de données, les examiner dans leur innombrables facettes, les classer en fonction d’une riche batterie de propriétés, aucune par soi-même définitoire, aucune dépourvue d'exceptions irréductibles. Un travail empirique gigantesque. Une entreprise héroïque et désespérée, qui n'a pas survécu, il faut le dire, à la disparition, parfois soudaine, de ses géniaux dévots et, il y a exactement dix ans, à l'arrêt tragique de son moteur.
Il est possible que Maurice se trompait. Il est possible que son rappel sévère à l'innombrable variété des signifiés et des signifiants de chaque langue, contenait lui-même, par paradoxe, un jamais, un toujours. Le jeune chercheur en avait silencieusement l'impression déjà à l'époque. Le vieil Apollonio y songe encore souvent et, derrière la figure d'un Prométhée, il voit surgir celle de Sisyphe. Rage, tendresse, nostalgie se mêlent alors indissolublement dans son esprit.
Mi permetta di ringraziarLa per questa preziosa testimonianza e per gli spunti doviziosi di riflessione che elargisce. Trascina pure nella commozione, fino al punto in cui si avverte che il silenzio che segue non è un vuoto.
RispondiEliminaCi sono molti professori, ma pochi Maestri. Distinguerli è semplice: solo i Maestri suscitano quell'affettuoso e delicato rispetto che traspare dalle Sue parole, illustre Apollonio.
RispondiEliminaBlak